lundi 2 septembre 2013

Will to progress...Retour à la Source un an après...

First Conscious Reception of the Light in Nature
The origin or starting-point of the will to progress. Nature has an instinctive thirst for Light.

Commelina
Widow's tears, Dayflower
Tiny blue to lavender flower with two upper clawed petals, one lower inconspicuous petal and three smaller whitish sepals; emerging singly or in pairs from a folded green bract. A perennial succulent herb.



Un an après, l'Inde me rappelle..Je redéploie mes ailes dans 4 semaines.. 

vendredi 7 septembre 2012

Transition

http://tisseusedetoiles.blogspot.fr/

 

Quelques semaines d'attente avant le prochain départ...
L'état d'esprit n'est pas le même...il importe de continuer à être sincère...Il n'y a pas de frontière entre la rencontre de l'autre et soi-même...chacun court le risque d'une déstabilisation, mais est-elle nécessairement négative et à juger? L'essentiel est de s'y risquer...en continuant une attitude réflexive. 

samedi 11 août 2012



Retour à Auroville. Départ un peu rocambolesque vu que le bus était parti 30 minutes à l'avance et que j'ai dû négocier ferme le trajet en rickshaw. Je suis cependant arrivée à temps pour visionner le film obligatoire pour les visiteurs de la première fois du Matrimandir. Un beau film, juste ce qu'il faut pour donner envie de vivre à l'heure aurovillienne...à condition d'en avoir les moyens car pour les guests, rien n'est donné et il faut séjourner suffisamment de temps pour changer de statut et peut-être trouver le moyen de participer à des activités en monnayant moins. Il faut vraiment avoir la vocation pour devenir habitant de ce lieu qui a tellement de mal à évoluer dans la perspective lancée par Mère et Sri Aurobindo. Heureusement, certaines âmes pérennisent le concept primordial et continuent à innover et à dynamiser le lieu.Discuter avec ces personnes donne envie de s'y impliquer à sa manière...pour ma part pas forcément en vivant sur place, mais peut-être en y œuvrant par intermittence en gardant un suivi pas nécessairement "visible" dans ces entre-deux. Il suffit d'avoir le don d'ubiquité: facile quand on comprend comment on peut commencer à le développer! Le début est lancé avec ce projet autour d'une eau solidaire, non seulement potable mais aux qualités bioélectroniques, physiologiques, spirituelles nécessaires pour une bonne santé. L'objectif permet à court terme d'offrir des fontaines de cette eau de qualité à des villages qui en sont dépourvus en Inde et en Afrique.

Hier avec mon ami, armés de notre moto et de nos prospectus, nous avons fait un bon tour d'Auroville et des Guest Houses pour leur présenter le projet mais surtout la soirée d'information qui va avoir lieu dans quelques jours. J'aurais simplement un compte-rendu, un peu déçue de devoir rentrer en France. Mais je ne m'inquiète pas, le projet est déjà suffisamment matérialisé pour qu'il fonctionne et se développe. Je suis partante pour donner un coup de main car s'il y a bien un élément que je trouve indispensable en qualité à la vie: c'est l'eau...( avec l'air). La nourriture aussi, bien sûr, mais une eau non potable entraîne tant de maladies et d'insalubrité que cela doit être une priorité. On doit dépasser la notion de potabilité et de simple filtration. Il faut faire des analyses précises pour être certain qu'au final on obtient l'eau que l'on souhaite. Ce que j'aime aussi dans le procédé c'est l'inclusion de techniques sonores pour obtenir une cristallisation révélant une pureté magnétique. Là je ne peux pas entrer dans les détails, par manque personnel encore de connaissances approfondies sur la complexité du mécanisme, mais pour avoir déjà un peu travaillé sur le sujet et rencontré ici ou là des personnes qui en savent beaucoup sur l'importance d'une eau saine, je pense que ce qui m'a été présenté ici, vaut la peine que je m'y attarde par la suite. Pour moi déjà.

Ce petit tour aurovillien m'a fait découvrir des lieux cachés magnifiques dans les méandres de routes sablonneuses. Cela m'a donné envie d'y revenir plus longuement par la suite...

La visite du Matrimandir a été un peu ternie par le manque de soleil qui a réduit la réflexion solaire sur la boule de cristal mais c'est resté malgré tout féérique pour moi. J'ai vraiment eu l'impression de passer en quelques minutes dans un monde surnaturel, un lieu digne de romans de science-fiction avec cette pureté blanche intérieure. Nous avons été obligés de mettre des chaussettes blanches pour ne laisser aucune marque. Moquette blanche, marbre blanc, colonnes blanches gigantesques dans cette salle de méditation collective extraordinaire où les énergies individuelles ne peuvent que se cristalliser en une Unique Énergie dans cette boule de cristal centrale qui reçoit et projette autour d'elle de façon circulaire le tube de lumière filtrée par le haut de la boule.


Le seul bémol du lieu c'est l'écho qui rebondit, et il est quasi impossible de passer inaperçu si l'on est pris d'un éternuement dû à la fraîcheur du lieu, ou d'un gargouillement du ventre. Mais c'est une bonne leçon de maintien pour les indiens qui en général on dû mal à réprimer leurs bruits!

Là, je dois filer, je repars travailler pour mon dernier jour à l'orphelinat. J'ai eu ce matin beaucoup de mal à quitter le jardin de l'ashram et les personnes qui y travaillent. On m'a ouvert une belle noix de coco fraîche et j'ai pu me faire après avec la chair que l'on m'a détachée avec une petite serpe, une bonne petite salade de fruit en achetant mangues et papayes à mon retour. J'ai eu un peu mal au coeur car je suis allée chez une autre vendeuse pendant que la mienne avait quelques clients sur son bord de route et lorsqu'elle m'a aperçue, elle m'a fait un petit signe tout triste avec son petit garçon dans les bras du style: pourquoi t'es pas venue chez moi? J'ai montré que je devais aussi aller vers les autres aussi qui en ont autant besoin qu'elle, mais ça m'a vraiment fait mal au ventre.
L'inde c'est aussi ça: faire des choix...et ça n'est pas toujours simple quand on t'appelle dans toutes les directions. J'ai pris l'habitude d'acheter là où il y en a le moins en présentation, là où finalement on n'a pas à négocier tant les prix sont corrects et les vendeurs si contents de se faire quelques roupies pour survivre...
J'adore leur façon de me proposer tout leur étalage, peser avec leurs petits poids à l'emporte-pièce et parfois au dernier moment, conscients qu'ils t'ont un peu abusé sur le poids, te rajouter deux carottes ou trois petites bananes...
Je les aime et ça me fait vraiment de la peine de ne plus y retourner...j'ai besoin d'eux aussi pour me sentir vivre...
Je n'aime pas ces grands magasins qui me font perdre le contact avec la réalité, et qui proposent tant de choses si chères, si préparées, si inutiles...et pourtant je me fais avoir...et je m'en veux tellement.

jeudi 9 août 2012

Alors...Auroville...Ce n'est pas rien, ce n'est pas tout ce que j'imaginais à l'aune de mes lectures- j'engage chacun à lire l'histoire d'Auroville avant d'y mettre les pieds pour ne pas trop mal juger-mais cela ne m'enchanterait aucunement de me rallier à ce qui pour ma part n'a rien de la collectivité qui a inspiré Mother. J'y vois une mosaïque un peu éclatée, un peu détachée, une espèce de Water Violet qui risque certainement de souffrir de temps à autre de sa solitude malgré la force qui par certains lieux se dégage rappelant l'identité de cette "surville"...

" Imaginez cette scène surréaliste: sur une plaine de latérite rouge cuite par le soleil, une foule amenée là.(...)
Les gens s'abritent sous une grande toile circulaire dressée pour l'occasion.
Au milieu du cercle, une petite éminence conique a été recouverte de maçonnerie: au sommet, une urne en céramique en forme de lotus stylisé.
Des représentants du monde entier, jeunes pour la plupart, laissent tomber dans cette urne une poignée du sol de de leur pays, après avoir répété dans leur langue respective une sorte de formule que diffusent des haut-parleurs...Ceci se produisit le 28 février 1968, à quelques dix kilomètres au nord de Pondichery. Les représentants étaient originaires de 124 Nations et de 23 Etats de l'Inde. La voix dans les haut-parleurs était celle de la Mère. La formule était la charte d'une cité nouvelle fondée par elle, là, à ce moment même: Auroville, la Cité de l'Aurore-la nouvelle Utopie."

Matrimandir pris de loin, face aux frangipaniers

Pour Mère, cette cité pouvait faire figure de Tour de Babel à rebours: là, les hommes se divisèrent dans la construction, ici, les hommes doivent se rassembler et s'unir dans la construction de ce que devra être une "suprahumanité." Attention à ne pas mal interpréter ce terme qui justement tout le long de l'oeuvre de Mère et Sri Aurobindo entre les années 30 et 50 a été aussi le terme qui a flanqué une bonne part de l'humanité à terre. Mais il est passionnant de lire justement l'interprétation de ce que fut la deuxième guerre mondiale d'un point de vu spirituel avec justement la rencontre d'une énergie divine luttant contre une énergie totalement opposée, comme si la force ascendante de l'une décuplait les forces destructrices de l'autre...

" Pour nous, les événements ont souvent des raisons d'être que la raison ne connaît pas, et les lignes de force de l'histoire peuvent être aussi invisibles et pourtant aussi réelles que les lignes de force d'un champ magnétique." Louis Pauwels

Ce qui est étrange depuis que je suis en Inde, c'est la relativité des choses: c'est comme si une force m'avait fait pivoter sur moi-même dans un autre plan aux coordonnées mal connues. Ça donne forcément la nausée, ça bouscule les préjugés et ça oblige à une relecture de ses schèmes de pensées souvent inoculés par la famille, les école comme un palimpseste qui n'en finit pas de révéler toutes ses couches. Vraiment, j'avoue que cela apporte, une fois une certaine assimilation effectuée doublée d'une laborieuse digestion- un élargissement des sphères de compréhension du Monde et de l'attitude humaine. Et là, J'ACCUSE le formalisme universitaire qui enferme les textes dans un structuralisme au point d'empêcher la pensée d'avoir une "queue" si je puis m'exprimer ainsi en visualisant les neurones et  leurs axones parfois très longs permettant d'INFINIES CONNEXIONS...Comme si l'Histoire ou la littérature devaient uniquement prendre sens avec une tête mise au carré, prête au découpage sans possibilité de "dit-vagues-as-sions" qui n'en seraient pas moins valides car portées par l'ampleur du contexte intégral dans lequel les choses ont été écrites et transmises de façon visible. La peur des cartésiens, c'est de perdre leurs "bornes": ça ne les empêche pas en retour d'être souvent bornés...ou borgnes nés. J'ai souvent été accusée en contre-partie à faire du hors-sujet ( tant mieux), et à proposer des analyses ( sans queue ni tête). Mes devoirs étaient "délirants". TANT MIEUX, c'est juste que meS têteS et mes queueS sortaient du champ de leur vision trop étroite. Ça ne m'a pas empêchée de plaire à d'autres personnes qui m'ont donné accès à des lectures sortant du champ universitaire et je les en remercie: de toute façon, je les trouvais moi-même, comme guidée entre les rayons magiques des bibliothèques autres qu'universitaires.



L'homme doit se figer dans son espace et dans son temps, ne plus en bouger, creuser sa vie et en limiter ses parois de façon à entrer dans son cercueil et ne plus jamais en ressortir car il ne SERAIT que ça, un accident de la vie voué à devoir vivre à tout prix parce qu'il a ce privilège d'être en vie. Mais il n'a pas le temps d'y penser à sa vie et au pourquoi de cette élection: il doit donner son jus, et s'il ne tient pas, ce n'est pas grave, on prendra le jus du voisin pour servir la petite coupe empoisonnée de petits maîtres qui croient avoir leur puissance dans leur compte en banque ou dans le lustre de leur apparence.


J'ai aimé les banians, et l'enracinement infini de leurs branches allant jusqu'à donner à leur tronc un aspect de lévitation...Parfois les hommes par soucis de circulation leur ont donné un périmètre possible d'extension: 50 mètres!

J'ai aimé rouler en moto autour des communautés sur la latérite rouge, le vent dans les cheveux, sans casque, clignant des yeux pour prendre toutes les photographies que vous ne verrez jamais car je n'ai gardé que la partie contrastée de ce que j'ai vu.

J'ai aimé sentir le vide plein dans la maison carrée du Tibet: une sensation très étrange, aucunement dictée par quelqu'un d'autre, juste une envie d'attraper l'invisible comme une présence certaine, très dense, porteuse d'être et de silence...

J'ai aimé la nurserie du jardin du Matrimandir où germent les plantes de demain entourées affectueusement par les plantes mères d'aujourd'hui...comme un idéal de perfection à atteindre mais surtout...à dépasser dans leur force de suggestion créatrice. Les contemplateurs de demain ne devraient pas être les mêmes que ceux d'aujourd'hui...alors il faut être de plus en plus riche de SENS.


J'ai un peu moins apprécié mais j'ai bien ri, me faire grignoter les pieds dans le bassin de Vérité, par de multiples petits poissons affamés. Ma peau est devenue lisses et cette séance de réflexologie naturelle a pimenté cette journée tout en la laissant zen...


Je n'ai pas aimé ce que deviens Auroville, comme risque de devenir aussi l'Ashram habités par des hommes qui n'ont pas les moyens ni le désir de pérenniser sans adaptation au contexte actuel la Grande Oeuvre Initiale...

Tout se perd ma bonne dame, vous l'savez...d'nos jours, les jeunes ne parviennent plus à changer les vieilles habitudes....

Pourtant, il en reste de belles âmes qui font un beau chemin de vie et permettent a minima de conserver quelques étincelles en vie...au cas où...

Si je m'endors dessous, soit je me marie dans l'année, soit je me fais posséder...donc, ni l'un ni l'autre pour moi au choix!

J'arrive à la fin de ce premier voyage, j'ai réussi à remonter la barre de la semaine dernière mais à nouveau si fatiguée qu'hier soir je me suis couchée à 19h. La nuit fut coupée par un moment délicieux: un vent violent a ouvert la porte de ma chambre et je suis sortie sur le balcon. La température avait chuté d'au moins 15 degrés! Un vrai bonheur pour le corps qui n'en peut plus de cette chaleur et de cette moiteur. Je pense d'ailleurs que ma léthargie vient d'une difficulté progressive de mon corps à parvenir à se tempérer.
La luminosité était féérique avec la lune gibbeuse qui dessinait les cocotiers agités sur le ciel gris constellé de nuages tout en nuances de gris. Le chant du vent aussi était si agréable comparé au bruit des coups de pétards ponctuant toutes les nuits, que je n'ai pas pu m'empêcher en nuisette de m'asseoir sur le rebord de mon balcon, recevant embruns de pluie et caresses apaisantes du vent.
Franchement, pour moi, s'il y a un lieu où se cache le moins le divin c'est bien plutôt dans la nature environnante que dans l'homme. Et contrairement aux dits de Mother, j'aime quand la Nature devient un peu folle, bloquant les activités humaines. C'est justement pour ma part le moment où j'entre en contemplation et m'oublie. Evidemment, je dis " bloque un peu", car les traces laissées après le Tsunami et surtout dernièrement le Cyclone de décembre laissent un sentiment de malaise quand on pense aussi aux hommes qui sont morts dessous. Cela dit, cela prouve bien que l'on n'est rien sans cette nature qui peut nous reprendre ce qu'elle nous donne et que l'on gâche souvent dans le cycle de la désintégration humaine.
Bref, j'ai fermé les yeux et je me suis laissée totalement bercée par ce changement de Temps, écoutant la musique mêlée de l'eau sur les toits de paille, de plastique tendu, du balancement des arbres auquel s'accrochaient furieusement les nids de corbeaux devenus totalement silencieux eux aussi...
Quand les hommes et les êtres bruyants deviennent pierre. J'aime. Un temps. Est-ce cela l'aperçu de la mort? Ne serait-ce pas plutôt l'aperçu de la bonne attitude à prendre dans la vie? D'abord sentir pour ressentir, et s'exprimer que si nécessaire.

Là j'ai une nécessité de m'exprimer. Combler le vide immense qui m'a rattrapée au lever m'empêchant totalement d'aller travailler au jardin de l'Ashram. Tant pis, cela m'oblige à intégrer l'espace qui joint mes deux jours passés à Auroville: hier et demain...aujourd'hui ne sera qu'une virgule, un coma de récupération où je vais avoir le temps d'aller dire au revoir aux enfants de l'école et surtout d'aller acheter 500 g pour mon ami d'un merveilleux café torréfié au marché de Pondichery.


lundi 6 août 2012

Ma récolte de ce matin au jardin de l'Ashram: Successfull for future;


Quand le cosmos déploie ses ailes...
Séquence arrosage pour les travailleuses ! Manque plus que les poissons rouges!

On tire au son d'un tambour du foin enflammé: début de Puja, nettoyer l'environnement...écarter les mauvais esprits

Maîtrise de l'obscurité et des forces souterraines: je leur parle, et leur dis que je ne cherche pas à les vaincre, juste à vivre avec la lumière et les ténèbres car j'ai besoin des deux. Reconnaissance de tout ce qui constitue la Vie: quelle différence au final entre un mariage et un conflit ? Dans les deux cas il y a jaillissement de quelque chose même si on doit en passer par la destruction. J'ai toujours voulu petite me marier pour avoir la plus belle robe blanche du monde...mais je voulais me marier...SEULE...


Rien n'a changé sauf que ma robe blanche parfois s'enroule amèrement autour de mon corps et épouse les formes d'un linceul...d'un l'un seul...ou le grand Absent décline à l'envie son "A" du commencement...L'homme devient Aum...La muse "sick" en guerre hier peut chanter l'Unique son retrouvé...
Pourvu que ma Vie continue à dérouler la trame d'un long poème car je commence à savoir déchiffrer la portée de cet "en-je"... Les mots les plus vrais que j'ai pu dire ont toujours couru le long d'une feuille et si j'avais à formuler un désir, je voudrais que ces feuilles deviennent le symbole de ma peau: mots protection, mots surface en attendant que la transformation affleure et devienne enfin visible...car je sais depuis toujours que ce qui change en dernier lorsque l'on fait un travail en profondeur, c'est la partie émergée, celle qui s'offre aux regards des autres.
Les changements précédents n'ont été que leurre, une façon pour moi de parvenir à me faufiler dans ce faux-filet qui soutient tant bien que mal la vie à la surface de la Terre.
Terre que l'on écorche avec les talons trop hauts qui n'en finissent pas de dessiner la carte de désirs qui ne peuvent que partir en fumée...
La fumée, un langage parfait pour se faire comprendre en Inde.
Puja qui commence par des cendres.
Par descendre.
Ailes futiles
En elfe utile
Si bas
qu'elle a entendu leurs maux
Vu leurs vices-âges
Corée graphie
en raison dense
si danse
que le vautour
si noir
au clair de lune
a perdu sa plume
Et rire d'un mot
C'est peu d'êtres
l'Unique
Face-son
Poussière retrouvée.

J'ai pris hier
 la prière tamil
en plein mille
Pour que le "meal"
défile des filles
de l'Or feu lia
nous toutes
Amma Appa
Si vous y étiez
Maman Papa
Sans langue de bois
tendres et là
vous auriez vu
l'amour reçu
d'amour déchu

Tout est là,
En ré-Union
Serpe levée
La danse sacrée
Pieds à terre
Pieds à Mère
Si elles savaient
le ciel savait
que père et mère
ne sont qu'Un
C'est un Aum.
Et c'est Tout
Qui sait Tout.


Je me perds, je m'éloigne de mes repères, brisures de papiers autour de moi, plus qu'à déchirer les projets d'écriture en mode rature.
La rature, une fleur d'être...si lisse, en mode, Amaryllis...


J'ai juste été prise dans une énergie phénoménale qui m'a redonné le goût du verbe: DONNER.
Et parfois peut-être que l'acte "d'abandonner", pourrait être un acte "d'AMOUR"... Et peut-être que grâce à cet orphelinat où l'on n'adopte pas...on peut aussi concevoir que l'adoption n'est peut-être qu'une solution superficielle et humaine-purement vitale et mentale même si en apparence issue d'un mouvement sincère qui ne résoudra en rien la vie qui s'est décidée à un instant CLÉ pour l'enfant qui a certainement une autre voie à suivre qui s'était dessinée pour lui.

Cet orphelinat a dessiné autour de lui des cercles de protection, et c'est pourquoi j'ai décidé de ne pas le "quitter"...il faut y entrer...comme dans la danse...ne pas en faire sortir avant leurre, avant l'heure...Il faut la passion pour patienter et comprendre qu'il faut attendre que l'Essence-ciel ait fait La Grande Œuvre pour ces enfants du "Para-dis".

J'illustre ce message par une citation de Mother imprimant l'idée que chacun reste lié à ce qui le détermine, et que c'est ce déterminisme- à ne pas confondre avec le fatalisme- qui engendrera des décisions et actions uniques nécessaire pour se libérer de ce qui bien souvent devient la pierre d'achoppement de la Vie.

" Chacun représente à la fois une possibilité et une difficulté spéciale qu'il faut résoudre. J'avais même dit je crois, que chacun ici, était une impossibilité."


Je complète cette citation par une définition de l'impossibilité donnée par Sri Aurobindo:

"L’impossibilité n’est qu’un ensemble de plus grandes possibilités non encore réalisées. Elle voile un état plus avancé et un voyage non encore accompli."


Et comme le souligne justement Georges Van Vrekkhem dans son livre, la transformation de l'être en ce qu'il n'est pas encore n'est possible qu'en brisant les chaînes de l'Impossibilité souvent renforcées par les forces dont j'ai déjà parlées qui œuvrent dans le subconscient et l'Inconscient à barrer toute voie vers la Vérité.

Bon nombre de poètes ont œuvré autour du personnage- Avatar- de Sri Aurobindo...contrastant souvent avec l'apathie de bons nombres de sadhaks dont Sri Aurobindo condamnait la névrose permanente empêchant toute étincelle de prendre feu...Mais l'Ashram se devait être contrairement aux autres ashrams très élitistes, un lieu où devait se refléter l'humanité en microcosme...C'est en apprenant cela que je comprends mes sensations de mal être lorsque je me trouve aux côtés de certains ashramites qui me semblaient tellement loin de laisser passer la moindre lumière....Mais ils ont trouvé ici un confort et une protection qui hélas, depuis le départ du "maître" les empêchent fortement de penser et de se confronter avec leur corps, leur mental et leur esprit à ce qui pourrait suffisamment les déstabiliser pour engendrer une petite réflexion...et peut-être l'amorce d'un début de participation à ce grand projet de yoga intégral qui semble réservé tout de même à peu de personnes aptes à souffrir tant dans leur chair que dans leur esprit le conflit avec les forces obscures prêtes à surgir pour empêcher la Lumière et le Bonheur de trop entrer. Cela signerait leur dissolution immédiate. Ce qui explique que dans ce parcours du soi, la souffrance soit parfois d'une intensité à la limite de l'intolérable pour faire justement "abandonner" la Voie. Je vais ouvrir un Orphelinat pour les Chercheurs de l'Amour parce qu'ils méritent qu'on les accueille quand ils sont épuisés.
Je l’appellerai "l'Oasis de l'Âme"...( clin d'oeil à certains lecteurs qui comprendront.)

" Pour nous la poésie est un divertissement de l'intellect et une fantaisie; l'imagination, un jouet, une pourvoyeuse de notre amusement et une distraction, une bayadère du mental. Mais pour l'homme des temps anciens, le poète était un voyant, un révélateur des vérités cachées; l'imagination n'était pas une danseuse courtisane mais une prêtresse dans la maison de Dieu; elle n'était pas envoyée pour tramer des fictions mais pour donner une forme à des vérités difficiles et cachées; même la métaphore ou la comparaison, dans le style védique, étaient employés dans un but sérieux et avec l'intention de transmettre une réalité et non de suggérer quelque agréable artifice de la pensée. L'image, pour ces voyants, était un symbole révélateur de l'irrévélé, et elle était utilisée parce qu'elle pouvait suggérer lumineusement au mental ce que le terme intellectuel précis (adapté seulement à la pensée logique et pratique ou à l'expression des choses physiques et superficielles) ne pouvait pas du tout espérer manifester." Sri Aurobindo.

Je ne peux m'empêcher là de relire le poème Danse Macabre de Baudelaire...où je n'avais pas prêté attention à la présence du "Gange"...Voici que les liens continuent de se resserrer et j'en suis de plus en plus friande. Je n'ai pas peur de cette Mort, je comprends ces attributs et ses intentions cathartiques.

A Ernest Christophe

Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature,
Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants,
Elle a la nonchalance et la désinvolture
D'une coquette maigre aux airs extravagants.

Vit-on jamais au bal une taille plus mince ?
Sa robe exagérée, en sa royale ampleur,
S'écroule abondamment sur un pied sec que pince
Un soulier pomponné, joli comme une fleur.

La ruche qui se joue au bord des clavicules,
Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher,
Défend pudiquement des lazzi ridicules
Les funèbres appas qu'elle tient à cacher.

Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres.
Ô charme d'un néant follement attifé.

Aucuns t'appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L'élégance sans nom de l'humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher !

Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace,
La fête de la Vie ? ou quelque vieux désir,
Éperonnant encor ta vivante carcasse,
Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ?

Au chant des violons, aux flammes des bougies,
Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur,
Et viens-tu demander au torrent des orgies
De rafraîchir l'enfer allumé dans ton coeur ?

Inépuisable puits de sottise et de fautes !
De l'antique douleur éternel alambic !
A travers le treillis recourbé de tes côtes
Je vois, errant encor, l'insatiable aspic.

Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie
Ne trouve pas un prix digne de ses efforts ;
Qui, de ces coeurs mortels, entend la raillerie ?
Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts !

Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensées,
Exhale le vertige, et les danseurs prudents
Ne contempleront pas sans d'amères nausées
Le sourire éternel de tes trente-deux dents.

Pourtant, qui n'a serré dans ses bras un squelette,
Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau ?
Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette ?
Qui fait le dégoûté montre qu'il se croit beau.

Bayadère sans nez, irrésistible gouge,
Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués :
" Fiers mignons, malgré l'art des poudres et du rouge,
Vous sentez tous la mort ! Ô squelettes musqués,

Antinoüs flétris, dandys, à face glabre,
Cadavres vernissés, lovelaces chenus,
Le branle universel de la danse macabre
Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus !

Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange,
Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir
Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange
Sinistrement béante ainsi qu'un tromblon noir.

En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire
En tes contorsions, risible Humanité,
Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe,
Mêle son ironie à ton insanité ! "


Jeu de masques ( Orphelinat) Regard qui ne trompe pas...

Danse ta vie ( Orphelinat) joue avec les voiles...






Transitions, naissances: entre fragilité, douleur et libération....  histoire d'attente et de Passion...




dimanche 5 août 2012






J’habite cette chambre  rattachée à l’ashram à laquelle ce nom a été donné, et cette chambre m’habite…La méditation et mes heures de lecture quotidienne de « Beyond man » de Georges Van Vrekhem relatant la vie et l’œuvre de Sri Aurobindo et de la Mère couplées à mes éternelles interrogations et réflexions pour tenter de comprendre et de me sortir de ces « reflux chroniques » de « life in the darkness »  ont finalement œuvré aujourd’hui. Première journée où je sors la tête de l’eau depuis mon retour de l’Ashram de Tiruvannamalai où j’ai totalement glissé d’un monde à l’autre comme sur un toboggan géant au moment où je commençais à toucher de mon être une source dont la luminosité me demeurait jusque-là invisible. C’est comme si à chaque fois que j’atteignais l’instant où pourrait avoir lieu la clôture définitive du double monde souterrain qui m’habite et me noircit l’âme depuis des années, une force ou plutôt des forces me saisissaient violemment par les chevilles et m’engloutissaient dans les bas-fonds, m’obligeant à me complaire dans des conduites shivaïennes…Je dis bien complaire car je suis si impuissante dans ces moments-là, que la seule ressource à défaut de source, qu’il me reste, c’est de n’en garder que les bons côtés, ceux qui me permettent d’écrire mes visions, images de ces raptus dévastateurs du corps et de l’âme et d’avoir accès à chaque fois à de nouvelles lectures qui restent les seules trames auxquelles je peux me raccrocher et tenter un ressaisissement funambulesque qui bien souvent achoppe et me laisse à l’orée de la mort pendant des mois…Je n’exagère pas.
Mais voici, de nouvelles explications maintenant surgissent, car je vois bien que c’est souvent au comble d’un sentiment complet de plénitude, de joie et d’espoir et surtout de déchiffrage d’un monde nouveau qui commence à entrouvrir ses portes que la « catastrophe » revient. Je me sens souvent dépossédée de moi-même, et peut-être serait-ce plus juste de dire que je me sens possédée par d’autres…forces ….
J’ai enfin un nom, ou des noms à leur donner : les Asouras, les quatre seigneurs des forces  hostiles, déchus de leur trône de Lumière, Vérité, Vie et Félicité pour avoir voulu chacun être le Seigneur de tous, rompant ainsi l’Unité primordiale qui dépendait de leur harmonie. Ils ont donc lors de leur chute été sanctionnés et portent depuis  les Noms respectifs de Ténèbre, Mensonge, Souffrance et Mort…Ils sont venus depuis hanter les sphères du mental et du vital supérieur chez l’homme. Ils s’opposent totalement à l’accès de l’homme à un monde supérieur, plus Conscient et vrai que celui qui pose tant de limites tant il est voilé par l’ignorance. Pourquoi ? Parce que l’accès à cette hauteur supposerait leur disparition. Ils n’œuvrent pas seuls et ceux qui viennent meurtrir notre et en tout cas mon vital inférieur sont nommés les Rakshasas : ce que j’ai toujours nommés sans les connaître comme étant à l’image d’ogres ou de cannibales me bouffant littéralement de l’intérieur et m’obligeant moi-même à dévorer le monde par peur du manque ou à m’auto- dévorer en miroir comestible de ce monde qui me fait si peur, faisant au final de toute chair un amas putride à éliminer de toute urgence. Or, sans ce vital, même inférieur, aucun accès aux mondes dits supérieurs n’est possible. C’est toute l’originalité de ce yoga intégral de Sri Aurobindo dont la visée n’est pas l’abandon du physique mais bien la capacité à le réintégrer avec la source divine et unifiante une fois qu’elle aura été trouvée et assimilée…( ce qui suppose un long travail sur soi dépassant le simple niveau d’une psychologie appliquée au seul mental…) . J’ai peut-être droit aux facéties des Pishachas qui entraînent les hommes à maugréer contre leur vie en permanence et à y trouver toujours quelque chose qui cloche…Là , je me sens moins envahie par ces derniers car je me sens bien plus attaquée depuis mes années d’introspection par les deux premiers. Pouvoir les nommer , les comprendre à défaut de les voir  me rassure et me donne aussi une explication qui semble correspondre maintenant exactement à mes ressentis dans des moments de « presque contact » avec ce que je nomme maintenant aussi le « Divin » ( sans Dieu)- moments qui s’effaçaient à l’instant où mon cœur et mon regard se portaient sur eux. Ça me rappelle mes cours de littérature sur Walter Benjamin à propos de la photographie…
Bref, comme nous le rappelle Sri Aurobindo à propos de ces êtres :

«  Ils étendent leur règne à tous les mondes à moitié conscients.
Ici-bas aussi ces dieux en petit actionnent nos cœurs humains,
La pénombre de notre nature est la cachette où ils sont tapis. » ( Savitri).

Ce que j’aime et me ce qui me rassure surtout dans ma compréhension, c’est que je lis exactement ce que j’avais écrit sous une autre forme concernant le rôle important et presque nécessaire de ce brassage de vermines qui grouillent en soi. Sans la tête dans la bouche d’ombre, je n’aurais pas eu cette introspection, cette connaissance grandissante en moi d’un autre monde plus vrai- me faisant à juste titre m’éloigner du monde faux dans lequel je ne trouve/trouvais pas ma place à jouer un rôle qui n’était pas le mien… J’ai eu accès en contrepartie de ma souffrance et de mon enfermement à ces innombrables images et phrases issues de mes morcellements de chair, d’os et d’être que j’ai tenté d’associer justement en puzzle…Etrangement, ces phrases avaient valeur de bougies, souvent de candélabres en moi, et c’est de cette lumière issu du choc de mes pages noircies et de mes os polis et transis que je trouvais la force d’aller voir ailleurs si une autre explication ne pouvait pas suppléer à celles défaillantes mises à l’épreuve sur mon grand échiquier appelé « désespoir ». J’ai rencontré beaucoup de résistance et ne trouvais jamais un être vivant capable d’être à la hauteur de ce que je tentais d’exprimer, comme si finalement, je devais m’en remettre à du… « plus qu’humain » ou «  autre chose qu’un humain »…
Ainsi, La Mère a écrit : «  Dans le monde occulte, ou plutôt si l’on regarde du point de vue occulte, ces forces adverses sont très réelles, leur action est très réelle, tout à fait concrète, et leur attitude vis-à-vis de la réalisation divine est positivement hostile, mais dès qu’on dépasse ce domaine et qu’on entre dans le monde spirituel où il n’y a plus que le Divin, qui est toute chose, et où il n’y a rien qui ne soit divin, alors « ces forces adverses » deviennent une partie du jeu total et on ne peut plus les appeler les forces adverses : c’est seulement  une attitude qu’elles ont prise : pour dire plus exactement, c’est seulement une attitude que le Divin à prise dans son jeu. » Très drôle comme jeu pour ce dernier peut-être mais pas forcément pour celui qui en bave ici-bas…Mais finalement, c’est ça l’attitude de l’humain qui rampe autour des Samadhi, accepter sa souffrance, stigmatiser dans son attitude la notion d’humilité. Mais surtout s’en remettre à cet avatar habitant un corps-chaussette qui a accepté de suivre l’incarnation du Divin et a permis par ses mots, ses réponses, ses comportements  pendant son temps de vie sur terre, et  d’ouvrir un chemin de Lumière et de félicité mais sans en évincer les tortures par lesquelles il semble obligatoire que certains passent, parfois élus et bientôt illustres à leur tour quand il s’agit de personnes qui auront aussi des traces explicatives à laisser aux suivants,  parfois uniquement cobayes et artistes de la souffrance  sans aucune possibilité de changement.  Ce sont alors les spectateurs « éclairés » si je puis dire qui sauront prendre en charge le cheminement de l’effet à la cause du gâchis humain auxquels hélas ils assistent avec impuissance.
Bref, je suis rassurée de comprendre que mon sentiment de morcellement n’est qu’un résidu de la vibration primordiale qui a entraîné la fissure puis l’explosion d’un monde idéalement unifié. Merci mon Dieu, me voilà à comprendre que je ne suis pas si folle et que peut-être que je devrais aller chercher un coup de main chez mon voisin sans plus avoir peur de lui, en comprenant que comme l’enfant que je n’ai pas et n’aurai jamais, cet être est aussi la chair de ma chair et que s’il me venait à l’esprit de vouloir méditer avec l’immeuble tout entier, nous aurions à nous tous certainement plus de forces pour lutter contre nos démons personnels qui « s’éclatent » à leur manière, prenant à l’envie la forme qui leur convient. Les miens s’appellent Boulimie et Anorexie, il faudrait peut-être que je regarde comme ça s’appelle en Sanskrit car peut-être que je pourrais  m’inventer un mantra à chanter dans ma cuisine et dans mes toilettes jusqu’à ce que la lumière en moi soit si forte que mes démons n’aient pas d’autre destin que de finir comme de la lessive en paillettes qui une fois qu’il n’y a plus rien à récurer passe dans les oubliettes et …fini les problèmes récurrents, je serai nettoyée de tout cela, prête à grimper quelques marches de plus pour avoir enfin le pouvoir de pousser cette porte sans qu’elle ne se referme sur mes doigts ou sur mon nez m’obligeant à me mettre en mode fusion avec la boule de Sisyphe ( la lourde…) et à dévaler à nouveau ma montagne d’emmerdes pourtant si sacrée si je continue à croire que c’est « un fait exprès » pour que je devienne en permanence nyctalope. Ça j’apprends aussi à le devenir en Inde mais c’est une autre histoire…mais peut-être pas tant que ça si j’y songe…
« L’expérience s’enfonce dans le subconscient – ( Sri Aurobindo préfère ce mot à Inconscient car il n’est pas si inconscient que ça et je suis plutôt d’accord…)  non pas comme une expérience mais comme des impressions d’expérience, obscures, mais obstinées, et peut surgir  tout moment sous forme de rêves, de répétitions mécaniques d’ancienne pensée, sentiment, acte, etc., sous forme de « complexes » explosant en action et en événement, etc…Le subconscient est la cause principale du fait que toutes choses se répètent et que rien ne change jamais sinon dans les apparences. Il est la cause du fait que, comme on dit, le caractère ne peut pas être changé et également du constant retour des choses dont on espérait être débarrassé.
Toutes les semences sont là ( je rajoute, moi Coralie pour en revenir  à la notion de boule, surtout quand on a bien les boules…) et toutes les samskaras du mental, du vital et du corps,- il est le principal support de la Mort et de la Maladie et la dernière forteresse apparemment imprenable de l’Ignorance. Tout ce qui est refoulé sans qu’on s’en soit totalement débarrassé s’enfonce là et reste en semence prêt à jaillir ou à bourgeonner à tout moment. »
Cela étant dit, il est très tard,  je pensais raconter comment  j’ai passé une super journée à l’orphelinat depuis cet éclairage nouveau qui apparaît parce que j’ai réussi à dépasser le niveau de la brasse coulée et à reprendre un peu d’oxygène en me shootant à coup de Pranayama et de persévérance, mais les mots m’ont encore échappé-  et donc je terminerai cet écrit avec un poème de Sri Aurobindo cité dans le livre « Beyond Man », où l’on peut se rassurer en pensant que les élus ne sont pas non plus épargnés- pensée sincère pour Jésus- et qu’ils ont dû aussi transcender  des instants longs et violents où une profonde détresse et perte de soi  ont été vécu en solitaire mais dont les aiguillons ont été finement analysé pour en comprendre la cristallisation sous-jacente.
Trêve de cynisme, l’arme du dévoyé, et écoutons à mesure de la lecture la résonance en soi que peut procurer ce poème intitulé «  Le labeur d’un Dieu. » et là encore je retrouve mes références orphiques si nécessaires me semble-t-il à la rencontre avec ce monde où le symbole n’aura plus qu’à disparaître puisqu’il n’y aura plus rien à réunir…ais le jour n'est pas venu où les voyants n'auront plus à revenir sur terre raconter ce qu'ils ont vu et compris: on a le temps de lire encore de bons poètes, rassurons-nous ! 

Mes blessures béantes sont un millier et une,
Les rois titanesques m’assaillent,
Mais je ne peux pas m’arrêter tant que ma tâche n’est pas faite
Et que n’est accompli le vouloir éternel…
Une voix s’écria, «  Va où nul n’est allé !
Creuse plus profond, encore plus profond
Jusqu’à ce que tu aies atteint l’affreuse pierre de fondation
Et frappé à la porte que n’ouvre aucune clé. »
J’ai pu voir qu’un mensonge était planté profond
A la racine même des choses,
Là où le Sphinx gris garde le sommeil-énigme de Dieu
Sur les ailes largement déployées du Dragon.
J’ai abandonné les dieux de surface du mental
Et de la vie les océans insatisfaits,
Et plongé à travers les impasses du corps
Vers les mystères inférieurs.
J’ai fouillé dans le cœur terrible de la Terre taciturne
Et entendu la cloche de sa messe noire.
J’ai vu la source d’où partent ses angoisses
Et j’ai vu la raison intérieure de l’enfer. 

jeudi 2 août 2012


Mieux se perdre pour se retrouver, c’est vraiment la seule phrase que j’ai expérimentée une bonne centaine de fois et peut-être qu’il serait temps que j’en fasse une théorie afin de ne plus avoir à tenter  l’expérience.
Performatif : je me perds.
Conclusion : je me retrouve.
Joyeusement.
Véritablement.
Le plus difficile à chaque fois : le sevrage…ou comment devenir une grande biquette qui n’a plus besoin de chercher la mamelle du destin pour trouver sa source.
Les beignets en street food, désolée, c’est dégueulasse : ça crame dans une grosse poêle avec une huile millénaire aux épices «  dust and shit and sometimes flies ». Le chutney coupé avec de l’eau et une feuille de cumin pour faire bien, c’est vraiment pour faire passer la friture…et encore.
Ça tombe bien dans cette histoire de repérage de soi, j’ai perdu mon odorat. Merci mon nez qui a décidé d’aller visiter la face de Gogol. En attendant, je n’ai plus de goût, ode-à-ma-grand-mère, inutile de détailler le pourquoi ici, c’est une trop belle histoire d’amour et les histoires d’amour quand elles sont si belles, on préfère ne pas en parler…ça fait pleurer.
Il me faut ça, perdre le goût pour retrouver le dégoût de ce qui mérite de l’être…et retrouver un goût qui se respire à plein poumon : ça s’appelle la Vie.
 A fond sur mon vélo, je traverse la poussière rouge, je passe devant le petit temple en raclant les paires de sandales qui s’empilent entre des pastèques trempées dans de la poudre de faux curcuma et des moitiés de citron qui crient aux forces malignes : «  Va de retro » : en Tamil je ne sais pas le dire, mais les rituels sont polyglottes.
J’ai perdu mon rétro, cassé mon passé, ma route est tracée. Je ne sais même plus pourquoi j’y vais, j’ai déjà la tête avide et acide. Pourtant cette fin d’après-midi où la chaleur me met du plomb dans l’aile, je défie la pesanteur et me sens incroyablement légère, comme si l’après-coup avait déjà sublimé le coup.
Je croise ce que j’aime, ce que j’ai aimé ici, ceux que je ne veux pas oublier, ceux qui m’ont fait perdre mes repères parce que je ne veux pas ne jamais les revoir, mais je veux revoir ceux que j’aime aussi là-bas. Les vagues éclatent sur les bords et ricochent sur le cheval de bois : il a décidé d’être fixe et éternel. Dieu est un cheval.
Déchirée comme un vieux sari, voilà ce que je suis. J’ai le bindi qui me glisse entre les deux yeux, il me fait un trou précieux sur la langue, elle saura désormais dire ce que je n’ai pas vu.

Murée dans mon silence, je dois passer devant les pêcheurs et me désemmêler des filets…elle est là, la vieille, accroupie près de son caniveau, celle qui m’a offert son magnifique thé. Ce soir, on cherche les poux partout, les têtes se penchent, les doigts grattent les crânes en file indienne.  Les petites filles courent avec leur cartable sur le dos, leur cahier dans une main, des snacks frits ou une mangue à croquer avec la peau dans l’autre. Les garçons ont improvisé une partie de badminton entre les cocotiers, fini le temps de la pétanque avec les cailloux, mais j’évite de peu une pierre tirée avec un arc fabriqué. Rickshaw jaune face à moi, un coup de pouet, si je ne me pousse pas, je tombe à l’eau : qu’est-ce qui reste ?
Si je ne me pousse pas, je tombe à l’eau qu’est-ce qui reste ?
Je me suis poussée, la question ne se pose plus.
Ce qui compte, c’est trouver une réponse. La route est dégagée, tout va bien. Il reste juste la vie entassée dans les bicoques à droite et à gauche. La route c’est le danger pour le petit qui sort de sa maison, chambre, salon, cuisine pour aller voir sa mère qui fait la vaisselle au milieu des corbeaux pendant que la petite prend son bain dans la bassine d’à côté. La maison n’a pas vraiment de murs : c’est peut-être ça aussi la Liberté : extension du domaine de la Vie.
Elle. La Vie. Elle, la Vielle.
La vielle me fait un coucou plein de tout. Je freine, j’oublie où je vais le temps de ne pas arriver à empêcher mes lèvres de s’ouvrir et de sourire à elle, la vieille dans le caniveau, entre ses poules et son linge qui sèche par terre.
Pourquoi ce soir m’arrêtent-ils tous avec leur cœur ? Je vais encore droit au gouffre pour sentir le fond – de mon cœur- (c’est moi qui souligne),
Mais pourquoi m’arrêtent-ils tous avec leur cœur et leurs yeux brillants ?
Mais pourquoi m’arrêtent-ils avec leur cœur et leurs yeux brillants ?
Non, pas toi gamin, je sais que je premier jour tu as voulu me dévaliser de mes roupies.
J’ai dit non.
Tu as insisté en marchant vite près de mon vélo rose « Ladybird ».
J’ai dit non.
Tu m’as demandé un crayon.
J’ai dit non.
Tu m’as souri.
Je t’ai souri.
Depuis, tu ne me demandes plus rien parce que tu as compris qu’entre toi et moi, ça n’allait pas en passer par là.
Tu m’aperçois de loin et tends ta main. Juste le temps de lâcher mon guidon et de frapper avec la mienne : ce soir on est pote. Pourquoi ce soir, dis-je ?
Pour me dire d’arrêter d’aller faire ce qui n’a plus le même sens qu’hier et avant-hier ?
Sans doute et certainement pas.
En tout cas, j’ai fini ma soirée épuisée, mais presqu’heureuse et sereine, en reprise d’appuis venus de je-ne-sais-où, réponse à ma demande. Bonheur d’un film bien français entre deux bouchées automatiques avant que l’écriture ne le soit.
Question de famille, d’amour, de liberté, d’adoption…encore.
J’ai un sacré problème avec ces histoires de liens. Ma vie est une histoire d’attaches pas si parisiennes que ça. Ça ne tourne pas rond quand il s’agit d’ôter le lien : il faut frotter fort pour oublier l’empreinte et ça, moi je ne sais pas faire.
Alors j’abandonne, je me sépare, je me mutile de moi-même pour enclencher la distanciation en mode décristallisation : finalement, les voyages, c’est de la merde…on ne rencontre personne de bien, et on reste aussi perdu. ( voix de fille qui ment)
Mauvaise foi, à l’évidence. Terrible rencontre que celle de l’Autre qui t’envahit. Quand en plus tu te laisses accroire que tu partages ton corps avec celui du divin, c’est l’Enfer qui frappe de la sorte à ta porte. Je vais manger des pastèques roulées dans du curcuma et penser : «  va de retro divino ! »
Poésie…
J’ai le vers solitaire…
L’arrime libre…
La strophe catastrophe.
« Je » serait un Autre…donc
Ou avec un Autre…
Tout m’échappe si cet Autre me condamne à le contempler et à m’oublier en lui.
J’ouvre le bar à Thym, remède contre La Mère en-vers
Et contre tous.
Pleine Lune, le ciel Père gage son aura.
Un jour de Nuit
Rhétorique en fleur 

L’intime écœure l’entre pétales
Tu m’as été offerte aujourd’hui
A moi, la gardienne d’épines
En mémoire de concentration
Te voilà fleur immémoriale
En buisson ardent
Sous ma focale pâle.

Ce soir, je suis ivre…et ça se boit…
Allah  ( se) vautre… ( lui et les autres mais Ah là, ça rimait mieux…)



mercredi 1 août 2012

Pas pour moi

Tu n'auras pas accès au divin comme ça

Je ne suis pas certaine, en admettant que le divin ait une existence propre- s’il est La conscience suprême et s’il a une volonté d’imprimer chez l’homme sa reconnaissance, qu’il ait obligatoirement décidé que le trajet devait être ascensionnel. C’’est  vrai que la vision est plus vaste quand on grimpe sur une montagne ou sur la grande roue, mais cela ne signifie pas que l’on voit plus justement la réalité que si l’on décidait de creuser et d’aller voir en-dessous ce qui se trame et s’il n’y a pas un iceberg dont la taille est plus importante vers le bas que vers le haut. Personnellement, je trouve que l’on apprend mieux des fouilles archéologiques en creusant, qu’en prenant l’avion pour voir la terre vue du ciel…mais à chacun son point de vue justement et le nœud du problème est là me concernant. Je ne rencontre que des gens qui jurent que le spirituel est en nous, qu’il se trouve au niveau du cœur- pas le cœur biologique- mais à chaque fois, la lumière semble venir d’en haut ce qui entraîne des mouvements de prosternation, de soumission ce qui m’insupporte justement au plus haut point. Le respect, la reconnaissance, la réciprocité doivent-ils en passer par des attitudes qui accentuent la conscience d’infériorité ? Est-ce que le paon ferme sa roue pour prier ? Je ne sais pas, mais ce que je sais c’est que lorsqu’il la déploie, j’y voie le divin et j’ai plus envie de me faire petite devant un paon pour ne pas qu’il se sauve et contempler longuement la perfection de ses couleurs et de ses formes pour justement en prendre plein les yeux et me dire que vraiment la Vie et la Nature sont belles et méritent le plus grand respect : pas trop de bruit, ne pas détruire l’environnement…Ce qui me laisse aussi le bonheur de penser que si j’ai le droit de contempler un si beau spectacle c’est que j’en fait partie et que je me respecte en sachant m’arrêter de courir dans tous les sens pour apprivoiser la notion de Beau. Et ce Beau, ici BAS, pour moi, c’est l’expression du divin qui s’imprime en moi sans que j’ai à acheter  des bougies, à faire des bouquets, à baiser le sol, à lever les mains au ciel comme une délirante…( que je sais être quand je décide de ma folie comme la plus grande liberté donnée à l’homme…)
Donc l’Esprit accroché aux étoiles ça me chiffonne beaucoup et je ne peux que dire : «  bouh que ces tableaux aux couleurs pastels avec leurs petites fleurettes et leurs petites étoiles dans les coins que l’on trouve chez tous les fervents de la plus haute spiritualité adeptes de la méditation comme seul outil d’accès au divin, me semblent fadouilles et non représentatifs de la représentation que je me fais du divin. » Je suis d’accord que ce n’est pas en passant par le divan que l’on y accède facilement, mais ça peut arriver si on ose aussi lâcher ce qui semble « paranormal » en nous et qui représente bien souvent un clin d’œil à ce malin…et je dis malin avec foi car si toute chose a une essence qui en est la métaphore idéale, alors je me demande bien ce qu’est l’essence d’un pauvre mec en train de dormir la tête dans les détritus le sourire aux lèvres ou pas de sourire du tout…ça me fait penser au Mendiant de Victor Hugo qui a sa bure constellée d’étoiles… c’est la « Bouche d’Ombre » qui le dit, pas celle qui a mangé le soleil et encore moins celle du mendiant…
Depuis que je suis toute petite j’ai un regard fort critique sur ce que mes sens me donnent à voir dans ce monde et j’ai un sens aigu de la vérité, de la justice. Tout ce qui est faux m’insupporte, me détruit…l’hypocrisie certes, mais un peu comme le clamaient un Voltaire ou un Maupassant pour ne citer qu’eux, toute cette dévotion pour se serrer le jus et donner le peu d’argent ou d’humanité que l’on cherche à nous voler : la liberté de penser et de concevoir le monde…et de le créer aussi !
Je n’ai pas choisi d’avoir ce regard si aiguisé, qu’il m’a coupé menue menue au point de me faire chuter entre les mailles de la terre. Descente dans le goitre de la Bouche d’Ombre, j’ai vécu l’innommable même si j’ai essayer de le nommer, l’indicible même si j’ai essayé de le dire, et l’impensable puisque j’ai tenté en vain de le penser dans ma chair au-delà des mots…J’ai rencontré dans cette enclave un super pote : Antonin Artaud…Et c’est amusant car je viens de tomber seulement hier pendant que je refaisais l’expérience du gouffre, sur un écrit extrait de Ci-gît que je n’avais jamais lu ou auquel je n’avais pas prêté attention n’ayant pas encore vécu ce voyage…
C’est ainsi que:
le grand secret de la culture indienne
est de ramener le monde à zéro,
toujours,
mais plutôt
1° trop tard que plus tôt,
2° ce qui veut dire
plus tôt
que trop tôt,
3°ce qui veut dire que le plus tard ne
peut revenir que si plus tôt a mangé
trop tôt,
4° ce qui veut dire que dans le temps
le plus tard
est ce qui précède
et le trop tôt
et le plus tôt,
5° et que si précipité soit plus tôt
le trop tard
qui ne dit pas mot
est toujours là,
qui point par point désemboîte
tous le plus tôt. ;

Je ne saurais que me référer à un Blanchot, un Rimbaud et à tant d’autres, Nietzsche aussi  qui précise bien que c’est du plus profond que les montagnes s’élèvent le plus haut et tant d’autres auteurs dont les écrits en paraboles illustrent bien la nécessité d’en passer par là- si bas-  ou si errant- pour avoir la capacité à trouver en soi le divin…La seule chose c’est qu’il faut avoir la force nécessaire et quelques outils d’expression pour ne pas y sombrer avant d’avoir pu en imprimer quelques traces obligeant le dévot à consentir que ce n’est pas la croyance qui fait l’homme et encore moins donne la hauteur du divin à l’homme…Bien au contraire, mais se leurrer peut aussi aider à ne garder  que l’épure de la réalité et à n’en prendre officiellement que ce qui fait lustre et laisser officieusement le reste…et là c’est peut-être ce qui se dit à confesse qui fait le « pendant » (et pendant… que le divin s’exprime haut et fort trouvant son écho dans le chœur des lieux des prières , son côté noir se chuchote derrière des grilles où l’on est jugé coupable d’avoir sa part NATURELLE  et NECESSAIRE d’imperfection…)

Bon nombre de poètes ont été des voyants et ont laissé à leur lecteur la jouissance d’avoir à déchiffrer, décrypter, ces signes symboles qui trament l’Alliance de l’homme au monde au travers du Verbe.
J’ai l’impression comme eux, dans l’horrible trajet qui a été le mien et qui semble par cycle le rester toujours, qu’une lampe venue de je-ne-sais-où m’a été donnée pour déchiffrer  les rencontres que j’ai fait dans ce désert si peuplé de ce que les autres ne voyaient pas…Aucun délire à proprement parlé, pas plus que ceux qui ont vu Shiva ou Ganesh grimper sur leur lit pour leur donner la conduite à tenir…Artaud et ses multiples poèmes a été comparé à Shiva et ses multiples bras faits pour  ôter le leurre de la vision unique : tiens tu vois ça, mais moi je te montre ça, puis ça, pas de bol, case départ, c’était là-bas et pas ici que tu allais trouver ce que tu devrais chercher mais ne cherche pas…L’un dit : médite et offre moi des noix de coco en me donnant ton corps et ton mouvement, et l’autre dit, je suis super frustré de ne pas avoir créé mon propre corps mais je peux au moins le détruire – comme Kali- et prendre ce que je veux ou laisser ce que je ne veux pas( entre incorporation et décorporation) pour être moi-même le créateur d’une chair et d’un monde dont le spectacle peut susciter une remise en question de celui qui me lit ou me regarde…mais chacun reste libre d’en rester au PIED de la lettre au risque de n’en sentir que la puanteur, ou de disséquer cette chair et d’aller « au-delà » pour être un peu plus éclairé de ce qui « se joue » dans ce théâtre de la cruauté.

Bref, je me reperds dans les méandres de mes mots et de mon imagerie mais je m’en fous, j’y trouve un apaisement terrible qui éclaire justement mon rejet d’une partie de ce que j’ai imprimé ici en Inde depuis presque trois mois. Oui je juge, mais je tente de juger à l’aune de ce qui me semble vrai pour moi en réaction à ceux qui cherchent à te faire suivre leur voie comme étant l'Unique : 36 15 myway… Là, je me ferme...

Lorsque j’essaie malgré tout de tenter d’apaiser la profusion de pensées qui m’empêchent de dormir et parfois de vivre sereinement, de me mettre en lotus avec une musique rose dans les oreilles pour faire le vide et oser un bout de méditation, il n’y a rien à faire, la bête me saute encore plus aux tripes et l’hyper-analyse reprend de plus belle. Hors de question que je me laisse croire que ces pensées viennent de l’extérieur : c’est qui qui pense à ma place si ce n’est moi ? Arrêtons les conneries. Je peux sans doute canaliser ces pensées et les mettre dans un tiroir à clé le temps d’une nécessaire détente pour laisser place à d’autres pensées par la suite peut-être moins torturantes, plus colorées, mais en aucun cas ne veux accepter l’inacceptable d’une lobotomie à visée de « purification ». Que ce mot est détestable !  J’aime par contre quand je parviens à faire un peu le vide parce que je le décide et parce que j’accepte que mes pensées sont un peu trop lourdes d’un côté de la balance, y mettre à la place des images d’une beauté magique qui me permettent de ressentir en moi cet Amour sans limite pour la Vie, le monde, les autres. Là j’ai par exemple l’image délicieuse d’une travailleuse du jardin qui est d’une beauté au-delà de la norme. Emberlificotée dans ses chemises d’hommes, son sari boueux, son torchon sur la tête, lorsqu’elle lève ses yeux au-delà des fleurs et qu’elle me regarde pour m’expliquer ce que je dois faire, je suis totalement hypnotisée par ses yeux trop clairs pour une indienne, si lumineux qu’ils débordent la capacité d’un simple regard humain. Personnellement, même mal à l’intérieur, quand je reçois son regard et son sourire, j’oublie tout le reste et je suis totalement submergée par une lumière qui d’ailleurs se transpose sur les fleurs que je cueille et regarde par la suite : comment expliquer d’ailleurs que mon appareil photo puisse saisir ce charme ? ( aucune retouche)

 – j’aime bien en rajouter une couche, mais si je peux je voudrais garder un souvenir de ses yeux mais quelque chose m’empêche de lui demander de la prendre en photo, comme si ce regard ne pouvait être perçu que dans un corps en mouvement…je n’ai pas envie de la voir méditer cette femme et encore moins se prosterner. On a juste envie d’être en vie et actif à ses côtés, même dans le silence tant le bien-être est là, idéalement là pour cesser des cogitations qui pour le coup n’ont plus rien d’utile.
Chercher toujours l’instant plus vrai et fort que les autres, c’est ça pour moi la vie. Ne pas le chercher surtout, savoir le saisir quand il est là…pas toujours simple. Mais il faut sa petite mémoire pour les faire resurgir comme en ce moment quand on cherche à tuer le temps par défaut d’être capable de le vivre quelques fois…

Parfois j’ai essayé d’accepter que je me trompais de voie, comme si je pouvais choisir une autre voie de sagesse : mais on ne choisit pas, et on ne s’entraîne pas à prendre un autre chemin comme au tennis, ça devient très vite frustrant et le naturel revient au galop. Parfois j’ai un œil glauque qui s’ouvre pendant que je médite et je me dis «  mais qu’est-ce que je fous dans cette position, là ? Mais à ce moment-là je me dis comme le nom de ma chambre : Persévère…rhooo, et je pense à PERE SEVERE et c’est foutu, mes mots m’emportent déjà sur le sentier de la poésie qui me fait délirer à ma manière et j’ai finalement plus de jouissance à penser que je suis un peu poète à ma manière, qu’à penser que je cherche juste à allumer la torche en moi qui me fera lire les œuvres des autres en me disant que je dois vraiment suivre ce que les autres ont créé et me la fermer, et prier pour que ma persév’errance me mène à ce qui m’aidera pour ma prochaine vie…c’est ça, et la marmotte ?

Bon, en fait j’étais en train de recopier ce que j’avais écrit dans le minibus de ce matin m’entraînant au jardin, sauf que je m’aperçois que j’ai lâché mon carnet et que je suis en train de recopier ce qui est de nouveau dans ma tête abandonnant les mots du matin…dingue ça, pas moyen de m’en tenir à ce qui pour moi serait aussi un terrible répétition et une sclérose de l’esprit qui devrait cesser de respirer parce que je lui en donnerais l’ordre. Non, je le laisse libre, c’est peut-être l’appel du divin divan qui m’attend de nouveau en rentrant en France.

Je tente de me raccrocher à mon premier texte où j’écrivais malgré tout ma difficulté à me sortir de la problématique de la destruction comme un nécessaire passage pour lâcher ce qui me sature à chaque fois. Il faut dans cette voie être encore plus vigilent pour se raccrocher à un médium d’expression qui vaut pour création : ma petite part du divin. Je me sens incroyablement double dans la journée ainsi que dans la nuit. Je ne me sens jamais libre lorsque je deviens la fille de l’ombre : c’est comme une force qui me pousse à agir, la même qui me fait aussi écrire. Ça agit au-delà de moi : qui agit ? Dieu ou Satan ? Ce sont les mêmes, n’en déplaisent à chacun, juste une question d’éclairage et de recherche d’un sens qui résiste et se demande l’intérêt de cette recherche : tout simplement pour survivre. Alors le surhumain, ça m’énerve un peu quand tant de gens cherchent juste à vivre. Certains souffrent de la faim- et il faut arrêter de dire que ça leur ouvre des portes pour une nouvelle vie après ou que c’est la sanction d’une vie antérieure où il y a eu faute- et d’autres souffrent aussi de la faim par comportement destructeur : mais une faim autre, la faim d’échapper à un déterminisme qui leur échappe : le refus d’être ou d’aller là où l’on se perd…et où les repères- faux encore- ne servent qu’à tisser un voile encore plus trouble sur le monde qui déjà semblait voilé et éloigné avant. Difficile à suivre, je le conçois. Le surhumain à mon avis, ce n’est pas une transformation de l’humain en tant que tel : c’est le symbole qui en surgit pour faire sens, et qui dit faire sens, dit, rompre l’absurdité d’une vie coupée, comme diabolisée, se jetant en travers de soi pour faire chuter…Baudelaire disait : «  Tu m’as donné ta boue, j’en ai fait de l’or. » ça serait bien de pouvoir faire de sa propre boue de l’or, mais c’est bien plus difficile quand on a le nez dans le caca d’en faire de l’Art ou de la poésie…Mais on a le droit là justement d’essayer et de persévérer et de ne pas y arriver toujours, et de fuir les commentaires des bien-pensants, des bien-agissants, des pouet-pouet qui croient tout savoir de comment un être doit agir pour se dépasser lui-même. Moi je n’ai pas envie de me dépasser, je veux accéder à mon niveau et m’en satisfaire : quand je me dépasse, je rentre en extase, et petit à petit cette excitation tombe comme un boulet sur ma tête et mon corps m’obligeant encore une fois le travail de sculpteur : je me redestratifie  comme un mythe de l’éternel détour et retour…mais jamais je ne reviens au départ ainsi que le pense le TAO…non, j’ai toujours vécu autre chose qui peut-être manquait encore de justesse, mais au moins me donne une autre expérience qui crée d’autres connexions sans pour autant hélas faire sauter encore le mécanisme de la destruction qui peut-être me laissera sur le carreau un jour. Mais je ne crois pas, car justement, je sens en moi toujours la présence d’une énergie vitale incroyable en moi, qui me pousse à vivre autre chose de façon intense et redonne toujours à mon corps, ma tête les qualités d’un phénix : ça je ne le choisis pas, c’est en moi…serait-ce un trognon de divin ?

Fleurs " Harmonies" en ...pot...c'est sa la Vie?